Entretien avec la Commissaire fédérale à la protection des données : « Le débat actuel va dans la mauvaise direction »

La commissaire fédérale allemande à la protection des données et à la liberté d'information, Louisa Specht-Riemenschneider, a exprimé ses inquiétudes quant à l'orientation actuelle de la politique en matière de données, soulignant la nécessité d'une approche sociétale plus large. Elle affirme que le débat en cours est mal orienté, plaidant pour un objectif sociétal clair pour guider la politique et la réglementation en matière de données, notamment dans le contexte des ambitions de souveraineté numérique de l'Union européenne. Specht-Riemenschneider souligne que le Règlement général sur la protection des données (RGPD) vise à équilibrer l'utilisation des données avec la protection des droits fondamentaux, et non à empêcher totalement l'utilisation des données. Elle insiste sur l'importance d'harmoniser ces objectifs. Ses déclarations interviennent au milieu des discussions sur la réforme du RGPD et le rôle des données dans des domaines tels que la numérisation des soins de santé, en se concentrant sur les cas d'utilisation des données et à quelles fins, qu'il s'agisse d'améliorer les traitements contre le cancer ou de servir des intérêts purement commerciaux. Cette perspective remet en question la tendance actuelle à donner la priorité à l'innovation sur la protection des données, comme on le voit dans l'approche « Produit d'abord, réglementation ensuite ». La commissaire suggère que l'Europe a l'occasion de créer un programme d'utilisation des données qui intègre les droits fondamentaux, la démocratie et la liberté, se distinguant ainsi des approches des États-Unis et de la Chine. Cela reflète l'importance plus large accordée par l'Europe à la souveraineté et aux valeurs numériques.